Défi
Théâtre de conflits et de violence, les onze régions du nord de la Côte d’Ivoire subissent également les conséquences néfastes du changement climatique. Par rapport au reste du pays, elles accusent un retard concernant la réduction de la pauvreté, le développement du capital humain et les disparités entre les sexes. L’enclavement ainsi que le manque d’accès aux services sociaux de base et aux opportunités économiques sont les principaux responsables de la pauvreté dans ces régions. Si les routes rurales sont essentielles au développement régional, en dépit des progrès significatifs accomplis ces dernières années, le gouvernement n’avait pas de stratégie claire pour définir ses priorités d’investissement dans ce secteur afin d’assurer un développement plus inclusif.
Démarche
La mise en œuvre de la nouvelle stratégie devrait permettre d’améliorer l’accès aux équipements socioéconomiques de base (écoles, centres de santé et marchés). Entreprise en 2021, l’étude s'inscrit dans la stratégie de la Banque visant à comprendre les liens entre pauvreté, infrastructures et dynamique socioéconomique dans les régions accusant un retard de développement en Côte d’Ivoire. Elle a été menée en parallèle avec d’autres études (notamment une opération de services-conseils et travaux d’analyse sur le développement urbain, une évaluation de la pauvreté, un diagnostic du capital humain et une évaluation de l’économie numérique), qui ont toutes souligné la nécessité de renforcer les liaisons routières dans le nord du pays. Enfin, elle s’inscrit en droite ligne du Plan national de développement du pays pour 2021-2025.
Résultats
Selon l’étude, l’amélioration du réseau routier pourrait favoriser une stratégie intersectorielle en offrant une plateforme unique pour regrouper les investissements visant l’éducation, la santé, l’agriculture, la résilience aux conflits et le changement climatique. Les conclusions de l’étude et la hiérarchisation des priorités servent de base à la préparation d’une nouvelle opération d’investissement dans le pays. L’étude met également en évidence plusieurs aspects essentiels qui peuvent permettre au réseau routier rural de changer la donne en matière de développement. Ses principales recommandations sont les suivantes :
Mettre en œuvre une approche de programmation en deux étapes par laquelle des ressources seraient d’abord affectées au niveau national, puis à l’échelon régional, afin de hiérarchiser les priorités stratégiques pour l’amélioration des routes. Les ressources seraient ainsi réparties entre les régions en fonction de leur niveau de connectivité.
Mettre en place un cadre plus durable pour l’entretien routier, en coordonnant les différentes parties prenantes et en augmentant les ressources consacrées à l’entretien routier.
Sélectionner des routes stratégiques pour faciliter l’accès aux infrastructures sociales de base et aux points de collecte des produits agricoles. Cette sélection se ferait sur la base d’un indice d’accessibilité routière modifié (MRAI) prenant en compte une zone tampon de cinq kilomètres, au lieu de l’indice d’accessibilité routière (RAI) standard qui utilise une zone tampon de deux kilomètres.
Proposer des mesures d’incitations pour les services de transport (par exemple, en aidant les organisations d’agriculteurs à acquérir des tricycles qui seraient utilisés pour transporter les produits agricoles vers les points de collecte).
Éliminer tous les points de perturbation de la circulation existants afin de garantir un niveau minimum d’accès routier à l’ensemble de la population.
Améliorer les infrastructures facilitant l’accès aux marchés de produits agricoles ainsi qu' aux services sociaux, tels que les établissements de santé et les écoles.
Contribution du Groupe de la Banque mondiale
L’étude, qui a été achevée en 2021, a bénéficié d’un financement de 100 000 dollars du budget propre de la Banque. Elle a reçu le soutien de divers départements sectoriels, notamment le numérique, l’agriculture, la santé, la lutte contre la pauvreté et l’éducation.
Partenaires
L’étude a bénéficié d’un partenariat solide avec le gouvernement de la Côte d’Ivoire et son Agence de gestion des routes (AGEROUTE). En ce qui concerne la santé et l’éducation, elle s’est largement appuyée sur les données des services de statistiques des ministères concernés et sur celles de l’Institut national de la statistique.
Perspectives
Les conclusions et les recommandations de l’étude sont utilisées pour la conception du Projet d’infrastructures rurales et de réseau routier intégré du nord de la Côte d’Ivoire, d’un montant de 300 millions de dollars en cours de préparation. Cette étude représente un exemple d'assistance technique stratégique qui contribue à créer des opportunités d’investissement pour le développement tout en poursuivant des objectifs multisectoriels plus larges.
Indice d’accessibilité routière selon la région, zone tampon de 5 km.
Source : Analyses de l’équipe, basée sur des données d’AGEROUTE.