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Fiches de résultats10 mai 2022

Débloquer l’accès au crédit pour les emprunteurs défavorisés au Burkina Faso

The World Bank

Kounda Asmaou puise de l’eau potable pour sa famille dans le village de Badnoogo au Burkina Faso. 

Crédit photo : Dominic Chavez/Banque mondiale

Entre 2020 et début 2022, le Projet d’appui à l’inclusion financière (PAIF) de la Banque mondiale au Burkina Faso a permis à 3 000 emprunteurs, dont un tiers de femmes, d’obtenir 48,5 millions de dollars de crédits auprès de banques et d’institutions de microfinance. Plus de 80 % d’entre eux étaient de nouveaux emprunteurs qui n’auraient pas pu accéder à ces crédits sans la garantie fournie par le PAIF.

Défi

Stimuler la croissance du secteur privé représentait un défi au Burkina Faso, compte tenu des crises multidimensionnelles auxquelles ce pays est confronté. Le secteur privé burkinabé était largement informel et dominé par des micro, petites et moyennes entreprises (MPME). Le pays comptait environ 1,5 million d’entreprises informelles et 65 000 entreprises formelles, dont 500 étaient considérées comme grandes (FinScope 2016). L’accès au financement était le plus gros obstacle à la croissance des MPME. En effet, seules 6 % d’entre elles avaient un prêt en cours dans une banque ou une institution de microfinance (IMF) en 2016. Les financements disponibles pour les PME ne couvraient en principe que 16 % du total des investissements nécessaires. Les femmes étaient également exclues du secteur financier formel, car à 17 points de pourcentage, l’écart entre les sexes au Burkina Faso est l’un des plus importants dans la zone de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) en ce qui concerne la propriété de comptes. 

Démarche

À partir de 2020, le PAIF a mis en place une garantie partielle de crédit de portefeuille (GPCP) d’un montant de 35 millions de dollars pour accroître l’accès au crédit pour les MPME, les femmes et les agriculteurs au Burkina Faso. Cet instrument de partage des risques a favorisé la mobilisation de financements du secteur financier privé. Cela a été rendu possible en absorbant une partie des pertes encourues par ce dernier sur les prêts accordés à ces catégories d’emprunteur en cas de défaut de remboursement (moyennant des frais). En juin 2021, sa portée a été élargie pour aider les entreprises et les agriculteurs à faire face aux chocs liés à la pandémie de COVID-19 et au changement climatique. Grâce à sa dotation actuelle, il a permis de garantir jusqu’à 174 millions de dollars de prêts accordés par des banques privées et des IMF. Cette approche a bien fonctionné grâce à l’assistance technique fournie par la Banque mondiale, qui a contribué à renforcer les capacités des gestionnaires du fonds de garantie et des institutions financières participantes, notamment pour les marchés nouveaux et mal desservis. La Banque mondiale a également fourni une assistance technique qui a facilité les échanges Sud-Sud entre des partenaires du projet au Burkina Faso et des partenaires de mise en œuvre d’un projet similaire à Madagascar, contribuant ainsi à accélérer la mise en œuvre du projet au Burkina Faso. 

Résultats

Le système de garantie partielle de crédit de portefeuille est un partenariat réussi entre le gouvernement burkinabé et la Société financière de garantie interbancaire du Burkina (SOFIGIB), une institution financière non bancaire locale agréée et supervisée par la Banque centrale du Burkina Faso (BCEAO). La SOFIGIB a encouragé les institutions financières à octroyer des prêts à des segments mal desservis du marché, tels que les MPME, les femmes entrepreneurs et les agriculteurs, en absorbant une partie de leurs pertes en cas de non-remboursement. Le montant moyen des prêts accordés était d’environ 30 000 dollars pour les MPME, 12 000 dollars pour les agriculteurs et 8 000 dollars pour les femmes entrepreneurs. Cette initiative a contribué à la réalisation de l’objectif du Cadre de partenariat de la Banque mondiale avec le pays qui est de promouvoir l’accès au financement pour tous et de soutenir le développement du secteur privé et la diversification de l’agriculture. Il a également permis de réduire l’écart important entre les sexes en matière d’inclusion financière. 

  • Depuis le début du projet, 3 000 emprunteurs (dont 1 293 MPME, 711 agriculteurs et 996 entrepreneures) ont bénéficié de la garantie, recevant environ 48,5 millions de dollars de crédits.  

  • En moins de deux ans, six institutions financières ont rejoint le système GPCP et quatre autres ont fait part de leur intérêt à y participer. 

  • Plus de 80 % des 3 000 emprunteurs n’auraient pas pu accéder au crédit bancaire sans ce système. 

  • La GPCP a généré 6 % de revenus à partir de dépôts à terme, ce qui contribue à assurer la durabilité de système conçu également de manière à atténuer les risques de sélection adverse et d’aléa moral. 

Contribution du Groupe de la Banque mondiale

Le système de GPCP bénéficie d’une dotation de 45 millions de dollars de l’Association internationale de développement (IDA) et de 10 millions de dollars du Mécanisme mondial de financement des risques. L’IDA y a également consacré 5 millions de dollars à titre d’assistance technique. Au début de 2022, les prêts accordés par les institutions financières participantes avaient atteint 48,5 millions de dollars. 

Partenaires

La Direction générale du trésor et de la comptabilité publique fait office d’unité d’exécution du projet (UEP). Elle préside également le comité technique du système de GPCP chargé de : i) fournir des orientations concernant les opérations du système ; ii) s’assurer que la SOFIGIB exécute ses missions telles que définies dans l’accord qu’elle a signé avec le gouvernement du Burkina Faso ; et iii) proposer des modifications aux termes de références de la SOFIGIB, si nécessaire.

La SOFIGIB est une société de gestion de garanties à capitaux publics et privés créée, agréée et supervisée par la Commission bancaire de l’UEMOA. Elle gère actuellement le fonds de garantie du projet. La solidité de la relation entre l’UEP et la SOFIGIB a grandement contribué aux réalisations du projet jusqu’à ce jour. 

Perspectives

La GPCP a été établie pour être une source de financement durable grâce à ses caractéristiques de conception qui visent à atténuer les risques de sélection adverse et d’aléa moral. En outre, le produit des dépôts à terme dans les banques locales et les commissions versées par les institutions financières ont permis de couvrir les coûts administratifs et les pertes. 

S’appuyant sur les résultats du PAIF, un projet sur l’entrepreneuriat, les compétences et la technologie est envisagé pour augmenter la dotation du système de GPCP. Cela permettra de toucher de nouveaux segments du marché, notamment les start-ups, les entreprises de l’économie verte et les régions mal desservies. C’est dans ce contexte que les pays voisins que sont le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Mali ont entrepris de reproduire l’approche de la GPCP qui a été appliquée pour la première fois au Burkina Faso et à Madagascar. 

Témoignages de bénéficiaires

The World Bank

Selon le directeur général de la SOFIGIB, Phillipe Consigui : « Avant le projet, la SOFIGIB ne fournissait des garanties de prêts individuels qu’à environ 300 à 400 entreprises par an. Depuis l’introduction de la garantie partielle de portefeuille, la SOFIGIB a soutenu 3 000 emprunteurs qui contribueront à créer des emplois décents et générer des revenus au Burkina Faso. En outre, la garantie partielle de crédit de portefeuille est ouverte au secteur de la microfinance qui n’était pas pris en compte auparavant. Les IMF desservent la clientèle au bas de la pyramide. »