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Fiches de résultats10 mai 2022

Répondre à la crise alimentaire dans le Sahel en s’attaquant aux situations d’urgence et aux déficiences structurelles du système alimentaire ouest-africain

The World Bank

Au Tchad, des bénéficiaires reçoivent du matériel agricole et des kits pour les semis.

Crédit photo : Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Au Sahel, près de deux millions de personnes ont bénéficié du soutien de la Banque mondiale grâce à un financement d'urgence visant à soutenir l'aide alimentaire et humanitaire, mais aussi à encourager les investissements dans la production de la prochaine saison et assurer ainsi une reprise après la crise.

Défi

Pour la troisième année consécutive, l’Afrique de l’Ouest est face à une crise alimentaire et nutritionnelle majeure : en 2020 et 2021, respectivement 14,4 et 23,7 millions de personnes ont eu besoin d’une aide alimentaire (figure 1), et on s’attend à ce que 33,4 millions de personnes se retrouvent en situation de crise, voire pire, face aux difficultés qui caractérisent 2022 jusqu’à présent. De nombreux facteurs expliquent la détérioration de la situation, notamment le changement climatique, la dégradation des terres, les conflits et les conséquences de la pandémie de COVID-19. La Banque mondiale a répondu à la crise en s’attaquant aux pénuries alimentaires et aux déficiences structurelles du système alimentaire ouest-africain, contribuant ainsi à la réalisation d’objectifs internationaux tels que les Objectifs de développement durable (ODD, plus précisément l’ODD 2) et ceux de l’Accord de Paris sur le changement climatique. Pour freiner l’augmentation du nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire dans le monde, la Banque mondiale a intensifié son action. Elle a ainsi quadruplé son soutien financier à la lutte contre la faim et la malnutrition, qui est passé de 4,1 milliards de dollars en 2006/2008 à une enveloppe prévisionnelle de 17,3 milliards de dollars pour l’exercice 2021-2022. 

Figure 1: Situation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique de l'Ouest

The World Bank
Source: FEWS NET. (https://www.food-security.net/en/ressources/).

Démarche

La Banque mondiale lutte contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle à court terme en déployant une réponse d’urgence pour soutenir l’aide alimentaire et humanitaire. À moyen et long terme, elle soutient les petits exploitants agricoles de la manière suivante :  

Au Burkina Faso, la Banque mondiale a appuyé les mesures d’urgence prises par le gouvernement à travers des projets axés sur la gouvernance, le développement social et l’agriculture. Cet appui a notamment porté sur le renforcement des filets de protection sociale du pays (avec un financement de 156 millions de dollars) et sur l’amélioration de la résilience du système alimentaire national (100 millions de dollars). Les interventions ciblant le système alimentaire ont consisté à soutenir des transferts monétaires au profit des communautés les plus pauvres, des activités génératrices de revenus et l’accès des agriculteurs aux semences et aux engrais. 

Au Tchad, la Banque mondiale a activé les volets d’intervention d’urgence de deux Projets : le Projet de renforcement de la résilience climatique et de la productivité agricole durable et le Projet de mobilité et de connectivité rurales, à l’appui du Plan d’urgence contre la COVID-19 du gouvernement. Les 30 millions de dollars ainsi mobilisés ont permis de venir en aide à 430 000 personnes en leur distribuant des denrées alimentaires, et ont profité à 20 000 petits exploitants agricoles qui ont reçu des semences et des équipements.

The World Bank
Assistance alimentaire au profit de personnes touchées par l’impact socioéconomique de la COVID-19. Province de Wadi Fira (Tchad) — Crédit photo : Programme alimentaire mondial (PAM).

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Bénéficiaires du programme d’assistance alimentaire à Wadi Fira. Crédit photo : PAM

Au Mali, à l’appui du Plan d’intervention d’urgence du gouvernement, la Banque mondiale a activé le volet d’intervention d’urgence du Projet de développement des zones arides. Cette opération a été mise en œuvre par le PAM, qui a distribué des bons alimentaires à 153 000 ménages, leur permettant ainsi de satisfaire quatre mois de besoins alimentaires de base.

Au Niger, la Banque mondiale soutient différents programmes visant à aider à faire face à cette crise dans le cadre du Projet de transformation de l’agriculture et de l’élevage et du Projet d’appui à l’agriculture sensible aux risques climatiques. Les activités menées à ce titre sont entre autres : i) augmentation de la production alimentaire et renforcement de la résilience du système alimentaire au changement climatique – grâce à une agriculture climato-intelligente, à l’irrigation, à l’accès aux intrants et aux services (111 millions de dollars) ; et ii) amélioration de l’accès des agriculteurs aux financements et aux marchés (100 millions de dollars). 

Résultats

Les résultats suivants ont été obtenus : 

Burkina Faso :

  • 700 000 bénéficiaires ont reçu 30 000 tonnes de céréales provenant des réserves alimentaires stratégiques. 

  • Plus de 93 000 ménages vulnérables ont reçu des allocations monétaires (dont 26 056 familles de personnes déplacées à l’intérieur du pays) entre juin et août 2020. 

  • 30 000 agriculteurs vulnérables ont reçu des bons numériques pour se procurer des semences et des engrais pendant la campagne agricole 2021. 

  • 3 450 ménages particulièrement touchés par la pandémie de COVID-19 ont pu acheter du bétail et satisfaire d’autres besoins liés à l’élevage en 2021. 

Tchad :

  • 433 056 personnes ont reçu des rations couvrant 45 jours de besoins alimentaires. Environ 20 000 producteurs vulnérables ont reçu des kits de semences et du matériel de labour.

Mali :

  • 153 000 ménages, soit 700 000 personnes, ont reçu des bons couvrant quatre mois de besoins alimentaires de base.

Niger :

  • 295 000 ménages ont reçu 9 000 tonnes de semences améliorées et de boutures de manioc.  

  • 14 500 tonnes d’aliments pour animaux ont été distribuées à des éleveurs.

  • 73 500 personnes, dont 32 500 femmes, ont bénéficié d’emplois temporaires grâce aux activités de restauration des terres pendant les saisons de soudure de 2020 et 2021. 

Contribution du Groupe de la Banque mondiale

  • Burkina Faso : la Banque mondiale a soutenu la réponse d’urgence du gouvernement en se concentrant sur les filets sociaux (avec un financement de 156 millions de dollars) et sur le renforcement de la résilience du système alimentaire du pays (100 millions de dollars).

  • Tchad : un montant de 30 millions de dollars a été mis à disposition par l’intermédiaire du Projet de renforcement de la résilience climatique et de la productivité agricole durable et du Projet de mobilité et connectivité rurales.

  • Mali : un financement de 12,5 millions de dollars de l’Association internationale de développement (IDA) a été mobilisé grâce à l’activation de la composante d’intervention d’urgence du Projet de développement des zones arides au Mali. 

  • Niger : des financements d’urgence ont été mobilisés via le Projet de transformation de l’agriculture et de l’élevage au Niger (39,5 millions de dollars pour aider les victimes des inondations de 2020) et du Projet d’appui à une agriculture climato-intelligente au Niger (21,26 millions de dollars pour soutenir la réponse à la COVID-19 en 2020 et à la crise d’insécurité alimentaire en 2021/2022).

Partenaires

La Banque mondiale travaille avec une coalition hybride de partenaires sur les questions de sécurité alimentaire, y compris des organismes des Nations Unies comme le PAM et la FAO et d’autres organisations d’aide humanitaire et d’aide au développement ; des organisations régionales, par exemple le Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) ; des institutions de recherche comme le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI) ; et des représentants de la société civile. 

Perspectives

La crise alimentaire dans le Sahel s’annonce longue. La guerre en Ukraine devrait aggraver encore la situation en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires à l’échelle mondiale, poussant 7 à 10 millions de personnes supplémentaires dans l’insécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest. Cette situation pose des problèmes d’une ampleur sans précédent pour des pays déjà soumis à des pressions budgétaires et lourdement endettés. Afin d’éviter la répétition des épisodes d’insécurité alimentaire, il est impératif d’investir dans la résilience. Diverses mesures d’aide à court et moyen terme sont d’ores et déjà prévues, notamment des transferts d’argent et de nourriture, des rations équilibrées dans le cadre de programmes de distribution de nourriture, ainsi que des investissements dans la prochaine campagne agricole. Cependant, à long terme, la Banque mondiale aidera les pays du Sahel à s’attaquer aux causes sous-jacentes de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle en adoptant une approche plus large axée sur l’ensemble du système alimentaire. Les éléments clés d’une telle démarche portent sur la création d’emplois et l’augmentation des revenus dans les systèmes alimentaires ; la mise en place de systèmes d’alerte précoce efficaces et le renforcement des capacités de prévention des ravageurs et maladies des cultures et du bétail ; ainsi que l’amélioration des marchés agricoles et de la gestion des ressources naturelles. 

Témoignages de bénéficiaires

Amadou Diallo est berger. Il élève une centaine de vaches, de chèvres et de moutons au Mali. Pendant la saison maigre de 2020, il s’est heurté à plusieurs difficultés qui ont menacé la survie de son troupeau ainsi que les moyens de subsistance de sa famille. Il a été contraint d’acheter de la nourriture et du fourrage dont les prix étaient de plus en plus élevés en raison de l’impact de la pandémie de COVID-19. « J’ai dû vendre une partie du bétail pour assurer la survie du reste du troupeau. [...] Il m’a fallu me séparer de dix bœufs, c’est plus que d’habitude », raconte l’éleveur. 

Dans le village d’Amadou, plus de 100 familles vulnérables ont reçu des transferts monétaires leur permettant d’acheter de la nourriture à leur guise sur un marché local. « Grâce à cette aide (...), [j’ai] acheté de la nourriture pour ma famille pour plusieurs semaines », affirme-t-il.