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Fiches de résultats11 avril 2023

Un secteur agricole plus fort améliore l'accès de tous les Haïtiens à la nourriture

The World Bank

A man walks two cows on a farm in Haiti

World Bank

Un projet de la Banque mondiale a renforcé la capacité institutionnelle du ministère haïtien de l'Agriculture et du Développement rural grâce à l'introduction de technologies permettant d'accroître non seulement la productivité et la production agricoles, mais aussi d'améliorer les moyens de subsistance et la résilience. Le projet a restauré les installations d'irrigation et de drainage de 2 244 hectares, créé 115 « champs-écoles » et formé des facilitateurs aux techniques de vulgarisation agricole. Au total, 78 242 petits producteurs, dont 50 % de femmes, accèdent plus aisément aux marchés. En outre, plus de 3 368 employés des secteurs privé et public (notamment le personnel du ministère de l'Agriculture et des agents municipaux) et 600 agriculteurs ont été formés à la surveillance des maladies et à la vaccination, à l'utilisation de pièges contre les mouches des fruits, à la lutte contre les cochenilles et à la protection du bétail contre la rage et l'anthrax grâce à la vaccination de plus de 3,6 millions d'animaux.

Défi

En Haïti, le pays le plus pauvre d'Amérique latine et des Caraïbes, 78 % de la population avait un revenu inférieur à deux dollars par jour en 2010 et 88 % des habitants des zones rurales vivaient en dessous du seuil de pauvreté. Les services de base étaient pratiquement inexistants et la pauvreté multidimensionnelle était généralisée. Plusieurs catastrophes ont durement frappé le pays, provoquant une flambée des prix des denrées alimentaires. SI l'agriculture joue un rôle important dans l'économie en contribuant à 25 % du PIB et à environ 50 % de l'emploi, les agriculteurs ne disposent pas des technologies et des compétences nécessaires pour augmenter la production et la productivité. Le sous-investissement chronique dans l'économie rurale (infrastructures, services publics) et l'inefficacité de la gestion des ressources naturelles ont réduit la productivité agricole et créé une dépendance aux importations de céréales. Le gouvernement, et plus particulièrement le ministère de l'Agriculture, ne possédait pas la capacité institutionnelle nécessaire pour assurer des services publics agricoles, fournir des technologies et développer les compétences des agriculteurs, ce qui a entraîné une augmentation exponentielle de l'insécurité alimentaire.

Démarche

Le renforcement des capacités du ministère de l'Agriculture a été la grande priorité du projet, afin qu'il puisse fournir les services publics nécessaires. L'objectif consistait à aider les agriculteurs à accéder à des technologies appropriées et à les former pour augmenter la production, la productivité, les moyens de subsistance et la résilience. Il s'agissait également d'assurer un accès aux services dans le secteur agricole et d'élargir les débouchés commerciaux des petits producteurs ainsi que la sécurité alimentaire dans les zones ciblées. En outre, l'amélioration des moyens de subsistance dans les régions touchées par l'ouragan Matthew et de la capacité du gouvernement à répondre rapidement et efficacement aux situations d'urgence était une autre priorité. Grâce au déploiement de stratégies sectorielles et à la formation du personnel clé et des facilitateurs, des agriculteurs, des vétérinaires et du secteur privé pour améliorer les services dans le secteur agricole, le projet a permis de renforcer la capacité du ministère à soutenir les agriculteurs dans l'utilisation de technologies utiles et de développer des compétences pour augmenter la production, la productivité, les moyens de subsistance et la résilience.

Ce renforcement des capacités institutionnelles et l’acquisition de connaissances ont aidé le ministère à mieux gérer les réponses d'urgence en temps de crise. À cet égard, il a pu mettre en œuvre avec succès des stratégies clés, notamment les quarantaines et la lutte contre l'infestation de cochenilles, ainsi que la formation de facilitateurs aux techniques de vulgarisation et d'agents publics et privés à la surveillance de la santé animale et à la vaccination. L'objectif recherché sur le terrain était de développer, par exemple, l'utilisation de pièges contre les mouches des fruits et la protection des animaux contre la rage et l'anthrax.

Résultats

Au cours de la mise en œuvre du projet, le ministère de l'Agriculture a amélioré ses capacités à fournir des services agricoles, et les petits producteurs ont pu accéder plus facilement aux services de vulgarisation et de formation sur la santé des animaux et des plantes. Ainsi, en déployant des stratégies de quarantaine et de lutte contre les infestations de cochenilles et en formant des facilitateurs et des agents privés et publics, le ministère a obtenu des résultats concrets permettant de fournir ou de faciliter l'accès aux services nécessaires en matière de santé animale, de vaccination et de protection des animaux. En outre, les actions suivantes ont été menées afin de faciliter l'accès des petits producteurs aux marchés ainsi que la sécurité alimentaire : constitution d'un fonds d'appui au marché (FAM) afin de cofinancer la réalisation d’investissements et d’activités à visée productive, à hauteur des dons accordés, avec pour objectifs de renforcer les organisations de producteurs et d’améliorer les technologies après récolte et agroalimentaires ; renforcement de la capacité institutionnelle du FAM, assistance technique aux organisations de producteurs et soutien en faveur de l’extension du dispositif de bons attribués aux fermiers qui adoptent des technologies agricoles améliorées, avec notamment une ligne de subventions pour l'agroforesterie afin de renforcer la résilience face aux changements climatiques. 

En outre, le projet a soutenu l'élevage de manière à reconstituer le cheptel après le passage de l'ouragan Matthew. Pour améliorer les moyens de subsistance locaux, il a assuré la remise en état des systèmes d’irrigation et la protection des micro-bassins versants par l'intermédiaire, entre autres, d'un programme de travail contre rémunération pour exécuter des travaux à petite échelle et à forte intensité de main-d'œuvre. Des avancées significatives ont été obtenues en matière d'adoption de technologies, d'amélioration des races de bétail, de gestion des pâturages, de production d'aliments riches en nutriments grâce à l'utilisation de semences biofortifiées, d'une biodiversité améliorée et d'engrais à base de zinc, d'optimisation des techniques de récolte et de stockage des aliments pour réduire le développement d'aflatoxines, d'ajustement des calendriers de culture et de promotion de nouvelles variétés de semences mieux adaptées aux conditions locales, et d'optimisation des pratiques d'irrigation et de gestion de l'eau. Concrètement, les principaux résultats du projet sont les suivants :

  • 115 « champs-écoles » ont été créés et des facilitateurs des techniques de vulgarisation agricole ainsi que des agriculteurs et du personnel municipal ont été formés (y compris lors de stages internationaux). Ainsi, dans le nord-est du pays, 3 368 employés des secteurs privé et public ont été formés à la surveillance des maladies et à la vaccination, 500 producteurs à l'utilisation de pièges contre les mouches des fruits et 578 agriculteurs à la lutte contre les cochenilles ;
  • 2 244 hectares d'installations d'irrigation ou de drainage ont été réhabilités afin de restaurer et d'accroître la résilience de ces infrastructures face aux futures catastrophes climatiques (aux Anglais, à Dory, à Dubreuil et à Melon) ;
  • 3 800 agriculteurs ont bénéficié de la remise en état des réseaux d'irrigation endommagés par l'ouragan Matthew dans quatre secteurs (Dory, Dubreuil, Les Anglais et Melon) ;
  • la valeur de la production générée par le programme de subventions aux agriculteurs a augmenté de 33 millions de dollars et les ventes des organisations de producteurs soutenues par le projet ont progressé de 172 % ;
  • 78 242 bénéficiaires directs du projet ont amélioré leur accès aux marchés, dont 36 774 femmes (47 %) ;
  • la formation en épidémiologie de bénévoles et de vétérinaires privés a permis de vacciner 1,2 million d'animaux contre la rage et 2,4 millions d'animaux contre l'anthrax ;
  • Grâce aux écoles agricoles, des incitations ont pu être offertes à 21 739 fermiers (dont 44 % de femmes) exploitant une surface totale 11 113 hectares. Ces incitations comprenaient le financement de variétés de semences améliorées, de pompes motorisées et de la création de jardins créoles. En outre, le FAM a apporté un soutien direct à 132 organisations de producteurs ruraux pour financer des sous-projets bénéficiant à 7 452 ménages ;
  • 7 452 personnes (85 % de femmes) vivant dans les départements du Sud et de Grand'Anse ont reçu des packs pour l'élevage de chèvres et de volaille, comprenant des animaux, du fourrage et des clôtures, afin de contribuer à restaurer le revenu des producteurs qui avaient subi des pertes en raison des catastrophes naturelles ;
  • 27 958 ménages affectés par l'ouragan Matthew ont reçu un soutien du Mécanisme de réponse aux crises (CRW) et 50 888 Haïtiens de la région Sud ont bénéficié du projet. 

Enfin, le projet RESEPAG II a contribué à sensibiliser et former aux questions de nutrition. Certains sous-projets devaient tenir compte des questions de genre, d'environnement et de nutrition. C'est pourquoi 607 personnes ont reçu une formation de formateurs en nutrition, dont 44 % de femmes, ce qui a permis d'atteindre environ 15 000 bénéficiaires. Par ailleurs, la production agricole et animale soutenue par le projet a également amélioré la disponibilité et la valeur nutritionnelle des aliments.

Contribution du Groupe de la Banque mondiale

L'Association internationale de développement (IDA) a financé le projet à hauteur de 75 millions de dollars, tandis que le Programme mondial pour l'agriculture et la sécurité alimentaire (GAFSP), administré par la Banque mondiale, a apporté 10 millions de dollars.

Partenaires

Le ministère de l'Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural de la République d'Haïti (MARNDR) a joué un rôle important dans la mise en œuvre du projet. Le Programme mondial pour l'agriculture et la sécurité alimentaire (GAFSP) a participé au renforcement de la capacité institutionnelle du MARNDR à fournir des services publics agricoles. En outre, la Banque interaméricaine de développement (BID) a fourni 40 000 pièges contre les mouches des fruits et a formé les agriculteurs à l'installation et à l'utilisation de ces dispositifs.

Perspectives

Le projet RESEPAG II est un exemple remarquable de l'efficacité des interventions localisées pour opérer des changements porteurs de transformations dans un pays fragile. Le soutien à Haïti et à son secteur agricole se poursuit dans le cadre du projet d'agriculture résiliente pour la sécurité alimentaire (PARSA), approuvé en 2022. Ses principaux objectifs sont de favoriser l'accès des bénéficiaires à des aliments nutritifs et de généraliser des pratiques agricoles climato-intelligentes, y compris dans les zones touchées par le tremblement de terre. L'expérience et les leçons tirées du projet RESEPAG II et d'autres initiatives, telles que le projet pour des territoires productifs et résilients, seront des points de référence essentiels pour aider efficacement les Haïtiens à se procurer des aliments nutritifs, tout en continuant à renforcer les capacités institutionnelles du ministère à aider les agriculteurs à augmenter la production, la productivité, les moyens de subsistance et la résilience. En outre, le projet PARSA bénéficie de l'expérience du personnel qui a travaillé dans l'unité d'exécution du projet RESEPAG II (responsable de la composante d'intervention d'urgence conditionnelle, ou CERC), qui fait maintenant partie de l'unité d'exécution du PARSA. De même, le manuel de la CERC du RESEPAG II est intégré au manuel opérationnel du PARSA.

 

Dernière mise à jour: avr. 11, 2023