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Fiches de résultats10 février 2023

Fournir des filets sociaux aux plus vulnérables en RDC : des avancées progressives pour une large couverture

The World Bank

Enregistrement des bénéficiaires d'un programme de travaux publics à Kananga, en République démocratique du Congo. 

Photo : Sophie Grumelard / Banque mondiale

Programme phare de l'Association internationale de développement (IDA) dans le domaine de la protection sociale, le projet pour la stabilisation de l'Est de la RDC pour la paix (ou « STEP ») vient en aide aux populations pauvres en République démocratique du Congo (RDC). Couvrant six provinces et la capitale, Kinshasa, le projet STEP compte plus de 5,8 millions de bénéficiaires, dont 3 millions de femmes. Il a permis de construire près de 2 185 infrastructures de base dans 1 166 communautés vulnérables et de fournir des filets de protection sociale (transferts monétaires sans conditions, programmes de travail contre rémunération, aides à l'investissement, formations à l'entrepreneuriat et aux compétences de la vie courante) à 530 000 personnes, qui ont reçu un total de 93 millions de dollars en espèces.

Bénéficiaire

Augustine fait partie des bénéficiaires du projet STEP à Kinshasa (STEP-KIN). Elle tient une petite boutique dans un quartier défavorisé. Le confinement de la ville en avril 2020 en raison de la pandémie de COVID-19 a eu un impact socio-économique catastrophique sur les ménages vulnérables, en particulier sur les travailleurs informels sans couverture sociale. Avec une inflation de 16,6 % en 2020, Kinshasa a été la ville la plus durement touchée par les répercussions économiques de la pandémie en RDC. La pauvreté dans la capitale risquait d’augmenter de 7 %.

« Grâce à cet argent, je veux renforcer mon activité économique. Je veux payer le loyer de mon magasin. Je suis très heureuse de recevoir cette somme pendant six mois ! Je n'ai jamais reçu une telle aide de qui que ce soit auparavant. »

The World Bank

Défi

La réduction de la pauvreté constitue un défi en RDC. Au moment où le projet STEP a été lancé, plus des deux tiers de la population vivaient en dessous du seuil international de pauvreté, le pays se classait dans le dernier tiers de l'indice de développement humain, 20 millions de personnes avaient besoin d'une aide humanitaire et cinq millions étaient déplacées à l'intérieur du pays. Aujourd'hui, malgré la présence de la plus grande mission de maintien de la paix au monde, des groupes armés violents continuent de sévir dans certaines parties du pays. L'ampleur des destructions et les difficultés d'accès rendent les services publics de base difficiles à assurer. La pandémie de COVID-19 a en outre durement frappé l'économie nationale et affecté les moyens de subsistance de la population.

Démarche

Le projet visait à améliorer l'accès aux moyens de subsistance et aux infrastructures socio-économiques dans des communautés vulnérables de la RDC. Conformément aux principes fondamentaux de la stratégie du Groupe de la Banque mondiale pour les situations de conflit, qui préconise de rester engagé pendant les crises et d'aider les pays à sortir de la fragilité, la Banque mondiale a soutenu la RDC grâce à ses financements, son assistance technique et son pouvoir fédérateur.

Le projet STEP fait partie intégrante de ces efforts et constitue le principal instrument de protection sociale contre les crises multiples et répétées que traverse la RDC. Le projet est axé sur i) l'expansion des filets sociaux à travers des transferts monétaires sans conditions et des programmes de travail contre rémunération qui visent à renforcer la résilience des plus vulnérables aux chocs, et ii) la mise en place d'un système national de protection sociale. Au fil des ans, l'approche a évolué, recentrant ses priorités non plus sur la reprise économique mais sur une stratégie plus systématique de renforcement du capital humain, tout en mettant l'accent sur les zones d'accueil des réfugiés et les communautés touchées par la crise de la COVID.

En outre, parmi ses principales innovations, le programme STEP s’est notamment attaché à : i) mettre au point un système en temps réel de supervision de projet à distance (baptisé MARTA selon son acronyme en anglais), et ii) pallier l'absence de registre social en s'appuyant sur les images satellitaires et les données de téléphonie mobile pour repérer rapidement les bénéficiaires potentiels d'un programme de transfert monétaire d'urgence ciblant les populations vulnérables touchées par la pandémie de COVID-19 à Kinshasa (STEP-KIN).

Résultats

Sur le plan stratégique, le projet STEP a directement contribué :

  • au deuxième pilier de la riposte du Groupe de la Banque mondiale face à la crise de la COVID-19, en protégeant tout particulièrement les personnes pauvres et vulnérables ;
  • au Projet pour le capital humain en Afrique, auquel la RDC a souscrit très tôt, en stimulant les investissements dans la population et en évitant que la crise de la COVID n’efface les gains de développement ;
  • à la création d'opportunités de développement pour les réfugiés et les communautés d'accueil par l’intermédiaire du Pacte mondial pour les réfugiés et du guichet de l’IDA pour les communautés d'accueil et les réfugiés (WHR) ;
  • au renforcement des interventions de protection sociale en préparation au titre du prochain cadre de partenariat-pays du Groupe de la Banque mondiale pour la RDC qui couvre les exercices 2022 à 2026.

Entre février 2014 et décembre 2022, le projet a produit les résultats suivants :

  • Amélioration de l'accès aux moyens de subsistance pour 530 000 bénéficiaires (dont plus de 200 000 femmes) grâce à des transferts monétaires, des programmes de travail contre rémunération et d'autres activités de protection sociale (dont le programme STEP-KIN), pour un montant total de versements supérieur à 93 millions de dollars.
  • Rénovation de 2 185 infrastructures communautaires (établissements scolaires et structures de soins, notamment) dans le cadre de 950 programmes de développement communautaire et de 1 235 dispositifs de travaux publics.
  • Ces activités ont concerné 1 166 communautés vulnérables déjà touchées par Ebola, qui accueillent actuellement des réfugiés ou se trouvent dans des zones de conflit. Les investissements du projet STEP ont bénéficié à 5,8 millions de personnes dans ces communautés, dont 3 millions de femmes.

Contribution du Groupe de la Banque mondiale

Le projet a bénéficié de 824 millions de dollars de ressources de l'IDA : 79 millions dans le cadre du projet initial et 745 millions provenant de trois opérations de financement supplémentaires. En outre, le projet a mobilisé 1,2 million de dollars auprès de fonds fiduciaires axés sur la participation communautaire dans les situations d'urgence, à savoir : 700 000 dollars du Fonds pour la construction de la paix et de l'État (SPF), 300 000 dollars du Programme d'intervention rapide dans le secteur social (RSR), 200 000 dollars du Fonds fiduciaire pour les droits de l’homme et le développement (HRDTF) et 50 000 dollars du Partenariat pour un apprentissage précoce (ELP).

Partenaires

Le projet STEP est mis en œuvre par le Fonds social de la République démocratique du Congo (FSRDC), en partenariat avec le ministère des Affaires sociales (MINAS) et la Commission nationale pour les réfugiés (CNR). Les activités sont déployées en étroite collaboration avec des partenaires locaux et internationaux, notamment le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO). La structure institutionnelle du projet, qui arrime le programme stratégique à un ministère sectoriel et délègue l’exécution des filets sociaux à un organisme public technique, a permis de trouver un équilibre entre la poursuite d’un chantier de long terme sur les politiques et les systèmes et l'obtention de résultats sur le terrain.

Perspectives

Jusqu’ici financé par un seul bailleur de fonds, le projet STEP devrait évoluer vers la mise en place d’un système national de protection sociale financé par plusieurs donateurs et par les pouvoirs publics. Ainsi, d’importants efforts sont actuellement déployés dans le but de renforcer la coordination des bailleurs de fonds, d’apporter une assistance technique et de développer les capacités du MINAS et du FSRDC de sorte que la RDC puisse jeter les bases d'un filet de protection sociale national.

En s'appuyant sur les enseignements tirés du programme STEP-KIN, l'équipe de projet examine actuellement comment étendre les transferts monétaires numériques au reste de la RDC.

Compte tenu du contexte national, il apparaît de plus en plus pertinent de s'appuyer sur les enseignements tirés du projet STEP et d’élaborer plus systématiquement des programmes adaptatifs de protection sociale, capables de réagir rapidement à des chocs divers et simultanés.