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Fiches de résultats 04 décembre 2017

Brésil : améliorer l’accès des groupes vulnérables aux services publics dans l’État de Bahia

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Une bénéficiaire du projet Marisqueiras com Orgulho, Quilombolas para Sempre.

Secom Bahia


L’État de Bahia, au Brésil, s’est attaché à améliorer la qualité des services aux groupes marginalisés et vulnérables afin de corriger des disparités socioéconomiques ancrées de longue date. Les autorités ont par ailleurs amélioré leur gestion budgétaire en appui à une croissance durable. Enfin, grâce aux efforts consentis, le nombre d’écoles autochtones et quilombolas ayant adopté un cursus scolaire interculturel conçu sur mesure a été multiplié par deux en 2015.

Défi

Avec ses 15 millions d’habitants, l’État de Bahia, dans le Nord-Est du Brésil, se caractérise par de profondes disparités régionales, également présentes dans la fonction publique. Ses 417 municipalités n’ont pas toutes le même niveau de capacités financières, institutionnelles et techniques, avec des conséquences directes sur la qualité des services à la population.

Les femmes, les personnes d'ascendance africaine (ou quilombolas, anciens esclaves ayant fui les plantations) et les populations rurales et autochtones font partie des groupes les plus vulnérables. Si le taux de pauvreté à Bahia a rapidement reculé entre 2002 et 2012, passant de 43,4 à 18,0 %, les clivages raciaux persistent, puisque les quilombolas et les populations autochtones représentent toujours 79 % des pauvres. Dans ces communautés, le taux d’achèvement de l’éducation était inférieur à la moyenne de l’État. Quant au taux net de fréquentation des enfants autochtones âgés de sept à 14 ans, il était de 84 % en 2012, contre 95 % en moyenne dans l’État. L’absence d’enseignants qualifiés dans les écoles des communautés autochtones se traduisait par des résultats médiocres.

Les personnes d’ascendance africaine avaient également du mal à accéder à des soins de santé de qualité. La plupart des personnels soignants de l’État de Bahia n’ayant qu’une connaissance limitée de la drépanocytose et de ses effets, de nombreux quilombolas n’étaient diagnostiqués que tardivement sans par ailleurs pouvoir bénéficier de traitements adaptés. Enfin, les taux de mortalité maternelle et infantile étaient préoccupants, de même que le niveau de grossesses chez les adolescentes (72 pour 1 000 adolescentes âgées de 15 à 19 ans en 2011).

Démarche

Le prêt à l’appui des politiques de développement pour le renforcement de la gestion budgétaire et la promotion de services de meilleure qualité et plus inclusifs dans l’État de Bahia est venu appuyer le plan pluriannuel des autorités locales pour la période 2012-15. Il s’inscrivait dans la continuité du premier prêt à l’appui des politiques de développement alloué par la Banque mondiale à cet État et axé sur le développement socioéconomique et la croissance sans exclus ; cette première opération avait porté sur l’amélioration de l’éducation et de la santé, avec pour premier objectif l’inclusion sociale des pauvres.

La deuxième opération a conforté ces objectifs et étayé les politiques de l’État pour garantir un traitement égal et des services d’éducation, de santé, de sécurité publique et d’inclusion productive adaptés aux groupes vulnérables de Bahia. Elle a notamment aidé le gouvernement à poser le cadre juridique du Statut pour l’égalité raciale et la lutte contre l’intolérance religieuse à Bahia.

L’opération prévoyait également une assistance technique pour améliorer la gestion des dépenses de retraite et des rentrées fiscales de l’État, dans le double objectif de réduire le déficit du système de pension des fonctionnaires et d’accroître l’efficacité du recouvrement des impôts et des arriérés fiscaux.

Résultats

Grâce à ce prêt, l’État de Bahia a obtenu un certain nombre de résultats probants (décembre 2015) :

  • augmentation du recouvrement des arriérés fiscaux de 280 à 363 millions de réaux entre 2013 et 2015 ;
  • multiplication des audits des rentes versées aux retraités de l’État avec, à la clé, 23,8 millions de réaux d’économies en 2015 ;
  • hausse du nombre de municipalités de plus de 10 000 habitants rejoignant le dispositif de l’État pour la promotion de l’égalité raciale, de 14 en 2013 à 91 en 2015 ;
  • augmentation de la part d’écoles autochtones ayant des enseignants autochtones certifiés, à 17 % en 2015 (contre 0 % en 2013) ;
  • augmentation de la part d’écoles autochtones et quilombolas adoptant les nouvelles directives pour des cursus sur mesure à 100 % en 2015 (contre 0 % en 2013) ;
  • formation dans 24 hôpitaux depuis 2013 pour garantir le même traitement aux patients d’ascendance africaine ;
  • augmentation de la part de bébés bénéficiant à la naissance d’un dépistage de maladies génétiques graves, de 82 % en 2013 à 86,5 % en 2015 ;
  • amélioration de l’indice d’efficacité dans la fourniture de services maternels et néonataux dans 25 maternités de référence, de 65 en 2013 à 83 en 2015 ;
  • hausse de la part des forces de police formées aux relations avec les groupes vulnérables, y compris les LGBT, à 52 % en 2015 (contre 0 % en 2013) ;
  • hausse de la part des municipalités de la région métropolitaine de Salvador ayant rejoint le plan national de prévention des violences à l’encontre des personnes d’ascendance africaine (Juventude Viva) à 62 % en 2015 (contre 0 % en 2013) ;
  • hausse de la part des municipalités en zones rurales desservies par des unités mobiles pour proposer des services et sensibiliser aux violences sexuelles à 21,5 % en 2015 (contre 0 % en 2013) ;
  • entre 2013 et 2015, 1 034 femmes et producteurs d’ascendance africaine ont bénéficié d’une assistance technique pour créer leur entreprise.

Contribution du Groupe de la Banque mondiale

Ce projet a bénéficié d’un prêt de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) d’un montant de 400 millions de dollars. Il s’agissait d’aider les autorités de Bahia dans leur volonté d’améliorer l’accès aux services publics des femmes et des personnes d’ascendance africaine, des populations autochtones et des autres minorités. Parmi les objectifs spécifiquement visés, l’optimisation de la gestion budgétaire, de la planification territoriale et de l’accès des groupes mal desservis et vulnérables aux services publics.

Partenaires

Le gouvernement de Bahia était déterminé à faire aboutir le projet et le programme de développement que celui-ci a permis de financer. Le ministère de la Planification, principal organisme d’exécution, a travaillé en étroite collaboration avec dix autres ministères de l’État pour garantir la réalisation des objectifs. L’adhésion des organismes chargés de mettre en œuvre le projet et de la société civile — impliquée dès les phases de préparation du projet — a été décisive pour la réussite de l’opération.

Bénéficiaires

Janete Barbosa vit à Baixão do Guaíba, dans le Quilombo do Gerém. Cette productrice de fruits de mer a suivi une formation à l’entrepreneuriat dans le cadre du programme Marisqueiras com Orgulho, quilombolas para Sempre soutenu par l’opération dans le but de promouvoir l’inclusion sociale et l’autonomisation des communautés d’ascendance africaine. « Avant, quand nous devions aller en ville, c’était très difficile. Les gens nous dévisageaient des pieds à la tête et se moquaient parfois de notre activité, avec des sous-entendus grossiers. Aujourd’hui, je peux me promener partout la tête haute et revendiquer fièrement mon métier et mes origines quilombolas. »

Perspectives

Malgré la clôture du prêt en janvier 2016, la Banque mondiale continue d’apporter une assistance technique et financière au gouvernement de Bahia dans la lignée des objectifs de cette opération. Le Projet de développement rural durable contribue à renforcer les capacités des conseils territoriaux de l’État tandis que le Projet de gestion intégrée de l’eau et de la santé aide le gouvernement à lutter contre la mortalité maternelle et infantile grâce à une stratégie plurisectorielle axée sur la santé, l’assainissement et l’eau. L’efficacité des unités mobiles pour aider les femmes en milieu rural a conduit à la reconnaissance de cette pratique jugée optimale par le gouvernement fédéral, qui l’a incluse dans son programme visant à aider les femmes à vivre sans violence (Mulher, Viver Sem Violência).